samedi 31 décembre 2011

Mon pèlerinage otaku (Hikaru no go)

Bien le bonjour mes amis ! 

Il me semble que je ne vous ai pas encore raconté mon pèlerinage otaku à Nagoya. C'est là que vous allez me dire, "mais quel genre de pèlerinage otaku tu peux bien faire à Nagoya ? Y'a rien, là-bas !" Et vous n'aurez pas totalement tort, j'en conviens. Mais toutefois, en cherchant bien, on peut découvrir de quoi ravir son âme hystérique de fan. 

C'est ainsi qu'un beau jour, alors que je venais d'acheter la vingtaine de tomes que comporte ma série préférée Hikaru no Go et que je les savourais tranquillement dans mon lit, surprise ! Sous mes yeux, voilà Akira Toya, l'un des personnages principaux, qui au cours du tome 14, débarque tranquillement à Nihon Ki-in de Nagoya pour jouer au go.

Comment ? Vous ne savez pas ce que c'est que le go ? Mais si mais si, vous savez, c'est ce jeu millénaire, d'abord apparu en Chine, puis transporté au Japon, où il s'est si bien développé qu'il en devenu japonais, où vous posez des pierres blanches et noires sur un plateau appelé goban. 

Un goban
 
La règle du jeu est simple : ces pierres que vous posez ont le pouvoir de tuer celles de l'adversaire, et elles vous donnent un territoire ; celui qui a le plus de territoire a gagné. La mise en œuvre de cette règle est par contre extraordinairement compliquée, mais très intéressante. 

Hikaru no Go, c'est donc un manga à propos du go. On pourrait se dire, mais ça va pas être un peu super chiant, ton truc ? Un manga à propos de ce jeu de vieux croûton ? Eh bien détrompez-vous, mes amis, car les deux auteurs, la scénariste Yumi Hotta et le dessinateur Takeshi Obata, savent rendre le tout très intéressant. 

Sai à gauche et Hikaru à droite
 Hikaru (le héros) découvre le go au moment où un fantôme millénaire du nom de Sai, maître de go à la cour de l'empereur lors de l'époque Heian, vient trouver refuge dans son esprit et le pousse à s'intéresser petit à petit au jeu. On apprend donc en même temps que Hikaru les rudiments et les subtilités, tandis qu'il évolue petit à petit. 

Son évolution est en partie due à un rival qui apparaît subitement sur son chemin, du nom d'Akira Toya : un petit génie du go qui joue avec acharnement depuis ses deux ans, et qui, à onze ans, est déjà sur le point de passer pro. Il rencontre Hikaru par hasard dans un club de go, joue une partie contre lui (ou plutôt, contre Sai, qui se cache à l'intérieur de Hikaru), se fait totalement laminer, et ne le supporte pas lorsqu'il apprend que Hikaru, techniquement, n'avait encore jamais joué au go. Bien décidé à trouver la réponse au mystère (parce que non, quand on est débutant, même avec un coup de bol cosmique, ce n'est PAS possible de battre quelqu'un presque sur le point de passer pro), il se met à poursuivre Hikaru comme son ombre, et le pousse par là-même à jouer de plus en plus. 

Akira et Hikaru
C'est donc ce Toya là qui débarque dans le tome 14 à la Nihon Ki-in, soit l'institut de go où tous les pros de la région de Nagoya exercent leur fonction (eh oui, ils sont payés toute la journée pour jouer au go, ces chanceux). L'histoire prenant place à Tôkyô, toute la tripotée de personnages que comporte ce manga évolue donc d'habitude autour de la Nihon Ki-in de Tôkyô, du Mc Do du coin, etc. Mais il arrive parfois que les joueurs pro soient obligés d'aller disputer des parties à l'extérieur, et voilà donc notre Akira qui s'en va jouer une partie à Nagoya - ville probablement choisie parce que Yumi Hotta, scénariste, habite également à Nagoya. C'est d'ailleurs assez marrant de constater qu'elle donne parfois des noms à ses personnages en fonction des arrêts de métro, par exemple Kamimaezu ou Gokiso (même si les kanjis changent pour ce dernier, mais bref). 



Par conséquent, en découvrant cette charmante coïncidence dans le tome 14 ("Akira à Nagoya ! Moi à Nagoya ! Moi vouloir suivre les traces d'Akira!"), par un bel après-midi ensoleillé, avec une ami qui aime le go autant que moi, nous nous sommes donc aventurés vers la Nihon Ki-in, en découvrant avec bonheur que l'endroit où elle se trouvait était couvert par notre ticket de train et qu'on avait même pas besoin de payer. 

Arrivée là-bas : quelle énorme sensation d'excitation qui nous prend lorsqu'on arrive devant le bâtiment, et qu'on découvre que les décors sont exactement pareils que dans le manga, jusqu'au poteau électrique, jusqu'aux rayures du plafond, et à la route surélevée qui passe à côté...


Et voilà comment on reproduit un manga ! Ah, c'est l'inverse ?

Le cœur battant, le souffle court, on entre donc dans ce saint des saints, où on prend les escaliers pour s'aventurer au premier étage (enfin, le deuxième étage japonais, mais le premier étage français), et où le bruit de conversations et de pierres de go s'entrechoquant commence à nous terrifier. 

Nous voilà arrivées à l'accueil, exactement là où se tient Akira dans mon tome 14 au moment où il parle de son père au standardiste, ah, quelle émotion ! 

J'ai posé les pieds sur le même tapis qu'Akira Tôya !! *o*
La réceptionniste nous demande si on veut participer au tournoi qui a lieu pile ce jour, et nous "ah non !! On vient à peine de commencer le go ! On veut juste un endroit pour jouer..." Et après nous avoir fait payer 800 yens (soit 8 euros, un peu chérot, mais bon, Nihon Ki-in!), elle nous indique d'abord une première salle, où ma mâchoire manque de tomber par terre quand je découvre que des goban (plateaux de go) sont installés au fond de la pièce pour qu'une personne (probablement pro) joue en simultané avec quatre adversaires, exactement comme dans mon manga ! 

Mais à cause de ça, on nous demande bientôt de changer de salle, et on se retrouve donc à partager la salle du tournoi avec des joueurs jusqu'à 9 dan (soit le plus haut grade au go). C'était assez amusant (et terrifiant) de constater le niveau terrible de la table d'à côté et notre niveau pitoyable à nous... Le plus difficile étant d'essayer de cacher le goban chaque fois que quelqu'un s'approchait, de ne pas y réussir, et de nous entendre marmonner des conseils par des vieux messieurs bourrés de bonnes intentions, mais qui mâchaient horriblement leurs mots, qui parlaient avec du vocabulaire spécifique et derrière un masque à rhume en plus de ça - impossible de comprendre, alors on faisait juste oui oui avec la tête d'un air un peu perdu... 

Bref, on a passé les trois heures suivantes à disputer une partie, avec moi qui me baladais un peu dans la Nihon Ki-in pendant que mon adversaire réfléchissait, et qui découvrais des lieux comme par exemple l'entrée de la pièce où Akira joue sa partie, dans le style japonais, qui était malheureusement fermée, et qui est principalement la raison pour laquelle il faut que j'y retourne...

C'était la porte de gauche qui était fermée T_T
Lorsqu'on est sorties de la Ki-in, il faisait déjà nuit dehors (pas dur en même temps, par ici), et on avait vraiment l'impression d'avoir vécu quelque chose d'extraordinaire. Tout était exactement pareil ! Alors qu'est-ce que ça sera quand on visitera la Nihon Ki-in de Tôkyô, là où non seulement Akira, mais Hikaru, Waya, Isumi, Ogata, Toya Meijin, tous mes héros se réunissent tous ! Qu'est-ce que ça sera de voir l'arrêt de métro où Hikaru débarque tous les jours pour aller jouer ! Je ne vous raconte pas à quel point j'ai hâte. 

Bref voilà, c'était une journée excellente, bourrée d'intense excitation - voilà le genre de tourisme que j'adore !

Je vous laisse mes amis, et je vous souhaite une bonne année ! 

A la prochaine !

mercredi 28 décembre 2011

Des takoyaki

*Passe une tête timide par la porte d'entrée* Euh... salut ? Aah, non, ne me jetez pas de cailloux ! Je sais, je sais, je suis inexcusable. Ma flemme légendaire faisant encore des siennes, j'ai d'abord pris comme prétexte le fait de n'avoir pas internet dans ma chambre pour ne pas écrire d'article (bon, j'imagine que ça a joué un peu aussi...). Mais maintenant que je viens de le récupérer, je n'ai plus d'excuses. 

A ma décharge, je ne fais pas beaucoup de tourisme donc je n'ai pas grand chose à vous raconter, mais enfin, j'ai décidé de ne pas laisser plus longtemps mes braves lecteurs dans l'angoisse (chut, ne dites rien, laissez-moi y croire) et de vous parler de ce qui vaut la peine d'être évoqué... Par exemple, mon cadeau de Noël, ma superbe machine à takoyaki !

J'ai probablement déjà dû vous parler des takoyaki, mais je n'avais pas de photos à l'appui, alors allons-y donc. 


Voilà, basiquement les takoyaki, ça ressemble à ça. La recette est super simple (même moi j'ai réussi, c'est dire), donc je vais vous la mettre, mais sachant d'avance que pour les faire, il faut une machine à takoyaki, et que si vous n'en avez pas, c'est impossible à réaliser. 

C'est-y pas beau ?

Voilà pour la machine à takoyaki. J'imagine que ceux d'entre vous qui en ont déjà connaissent la recette, mais qui sait, peut-être qu'en la mettant, je pourrais donner envie à un novice d'acheter une machine à takoyaki (on peut en trouver en France, ai-je entendu dire récemment). On m'a dit que le voltage différent en France et au Japon faisait brûler les takoyaki lorsqu'on essayait d'en faire en France, mais ça peut s'arranger avec un transformateur. Et si vous ne voulez quand même pas tenter le coup et faire péter les plombs dans votre maison, je suis tombée l'autre jour sur internet sur une sorte de "poêle takoyaki", que l'auteur de la recette avait achetée en France, donc tout n'est pas perdu pour vous, soyez tranquille.
A présent, la recette, mes braves ! 

Pâte : 

- 200 grammes de farine (à takoyaki ou non, encore que la maman de ma famille d'accueil m'a dit que c'était plus dur à faire avec de la farine normale)
- 600 ml d'eau
- Deux oeufs 
- Du dashi (une sorte de bouillon de poisson, qui doit certainement se trouver dans les épiceries asiatiques ou sur internet...)

Vous mélangez le tout, et vous avez votre pâte.

Garniture (ma façon personnelle) :

- Du poulpe (ou n'importe quoi d'autre si vous n'aimez pas le poulpe, du surimi, des crevettes, ou même rien du tout : avant tout, il faut faire selon votre goût). Coupé en petits morceaux d'environ 1 centimètre de long.
- Du chou coupé en morceaux très fins
- Des carottes coupées de la même façon
- Du gingembre mariné (vous savez, celui qui est rose et qui sent le déodorisant pour les toilettes).
- Et encore tout ce que vous souhaitez rajouter, par exemple du gruyère, des champignons, des pousses de soja... etc. 

Gardez tout ça dans des récipients à portée de main.

Préparation : 

Vous prenez votre poêle à takoyaki et vous huilez chaque petit trou à l'aide d'essuie-tout. Ensuite vous versez la pâte dans les trous jusqu'à ce qu'ils soient presque remplis : vous ajoutez un bout de poisson par trou, vous saupoudrez tout ça de chou, carotte, gingembre, et quoi que ce soit dont vous avez envie dans votre préparation de légumes. 
Ensuite, vous attendez que la pâte ait assez cuit, et à l'aide d'une pique en bois, vous la faites rouler sur elle-même. Comme ça fait un demi-trou, vous pouvez rajouter de la pâte dans l'interstice pour que ça ait une belle forme bien ronde. 


Cuisson des takoyaki

 Ensuite vous attendez que ça cuise, et quand c'est fini, vous avez des beaux takoyaki à mettre sur une assiette. 

Les takoyaki sans garniture
Mais ça ne s'arrête pas là, maintenant il faut les recouvrir de sauce okonomiyaki, puis de mayonnaise si vous aimez la mayonnaise, puis de katsuobushi (ou lamelles de bonite séchée) si vous aimez le katsuobushi, et de l'aonori (nori émietté) si vous aimez l'aonori. Vous pouvez faire sans tout ça, bien sûr, mais ça serait un peu dommage.

Et voilà, maintenant vous êtes prêts à faire de nouveaux takoyaki. N'oubliez pas d'huiler à nouveau la poêle avant de remettre la pâte. 


Ce qu'il reste des takoyaki à la fin...

Et voilà pour aujourd'hui ! A bientôt les amis ! Je ne vous laisserai plus aussi longtemps sans nouvelles, promis !

(J'ai mis une nouvelle musique sur le lecteur et c'est un tout joli morceau alors écoutez-le ! :D)

vendredi 25 novembre 2011

Vie quotidienne...

Salut tout le monde ! Ça fait bien longtemps que je n'ai rien posté, alors je pensais vous faire patienter un peu avec un petit article, en attendant un autre plus long, quand j'aurai plus de temps. Car vous vous doutez bien que si je ne passe pas tout mes heures de libre sur internet, c'est parce que j'ai récemment fait l'acquisition de cette chose étrange qu'on appelle "vie sociale", et qui vous bouffe un temps considérable.

Cette vie sociale, en quoi consiste-t-elle ? Déjà, en sorties avec ma famille d'accueil, qui ne manque jamais de m'emmener dans chaque endroit possible et imaginable. Prenons pour exemple cette montagne dont j'ai oublié le nom, dans la préfecture de Mie (voisine de celle d'Aichi où j'habite) et où nous nous sommes aventurés, par un samedi matin ensoleillé, avec Iwase-san, ses deux enfants, et mon ami Jesus. 

Ça commençait à être kôyô ! Mais pas encore tout à fait.
 

Le sommet, 1212 mètres.

Le sommet était à 1212 mètres, environ, et pour y accéder, on a pris un téléphérique, et je peux vous dire qu'être suspendu dans une boîte de deux mètres sur trois accrochée à une simple corde, ça ne donne pas vraiment confiance. Mais d'après Iwase-san, en 17 ans d'utilisation, il n'y a jamais eu un seul accident. Ah oui, j'oubliais ! on est au Japon... 

Ça fout les jetons non ?
Le plus étonnant, c'était que les japonais restaient au sommet environ une petite demi-heure, puis ils redescendaient tous ensuite. Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'y serais restée au moins une heure voire une heure et demi, pour bien profiter du panorama sublime qui s'offrait à nous de chaque côté, mais en comptant qu'il avait fallu trois heures pour venir (avec les bouchons) et qu'Iwase-san comptait nous emmener dans un onsen en repartant, c'est probablement pour cette raison qu'on n'est pas restés très longtemps. Dommage, c'était sublime.  

Il paraît même que lorsqu'il fait très beau, et que l'air est très limpide, on peut voir le Fuji-san au loin ! (En hiver, le plus souvent.) Le Fuji-san !! Un jour, oui un jour, je le verrai !!
 
L'onsen dans lequel on s'est arrêtés en revenant possédait un rotenburo (à savoir la même chose qu'un onsen, mais à ciel ouvert), et c'était vraiment une sensation délicieuse que de se baigner dans une eau brûlante en sentant l'air frais du dehors sur sa peau émergée. Ma petite soeur d'accueil a même déjà eu l'occasion de faire une boule de neige tout en se baignant dans un rotenburo... J'adorerais faire la même chose !

On avait une vue pas moche, de là-haut !

Pendant que mon ami Jesus était à Nagoya, on a également senti un tremblement de terre. Quelle émotion ! On était au huitième étage d'un immeuble, entourés par des étagères de livres, lui dans une allée et moi dans une autre, quand soudain, le sol se met à trembler sous mes pieds. Tous les japonais autour de moi lèvent la tête, et bêtement, je me dis : "dis donc, ils font des travaux dans la pièce d'à côté ou quoi ? ... AAAH UN TREMBLEMENT DE TERRE !"

Qui au demeurant, n'a duré qu'une petite dizaine de secondes, mais c'était impressionnant. Les japonais se sont tous remis à leur lecture une fois que ça s'est terminé, et moi, je suis allée retrouver Jesus, qui était aussi interloqué que moi. "T'as senti ça ??" Si moi j'ai cru que c'était des travaux, lui, il se disait que c'était drôle, on pouvait sentir le train passer depuis le huitième étage. Marrant, ce que peuvent penser les gens qui ne sont pas habitués ! 

Puis la musique s'est arrêtée, et une voix a annoncé : "il vient d'y avoir un tremblement de terre, veuillez ne pas emprunter les escalators et les ascenseurs...". La voix grave, l'absence de musique, ça donnait vraiment une dimension effrayante à ce qui s'est en fait révélé un minuscule tremblement de terre de magnitude 3. Qu'est-ce que ça devait être en mars dernier...

Jesus était venu pour voir Kôyô (le moment où les feuilles des arbres rougissent), mais malheureusement, Kôyô est très en retard cette année, et c'est seulement en ce moment que ça commence à devenir vraiment rouge.

J'ai même eu la chance de contempler la floraison de cerisiers en même temps que Kôyô !

Pour contempler Kôyô, il y a un bon coin qui s'appelle Kôrankei. Enfin, quand je dis "un bon coin"... En réalité, c'est un de ces célèbres endroits où tout le monde se rend pour contempler les arbres. De jour comme de nuit ; si le soleil rend le tout particulièrement magnifique en journée, le soir venu, s'allument des tas de lumières pour éclairer les feuilles rouges par en dessous, ce qui donne une ambiance complètement différente, mais à ne pas rater. 

Kôyô à Kôrankei !
 
On m'a dit qu'il y avait moins d'illuminations cette année parce qu'ils devaient faire attention à l'électricité : eh bien, je me demande comment ça doit être d'habitude, parce que là, il y en a vraiment partout, tant pour Kôyô que pour Noël, dont les décorations ont été allumées à peine Halloween terminé - maman, tu détesterais ça... 

Et ce n'était pas le tout de contempler les arbres, il fallait aussi penser à manger. Et pour ça, il y avait des petites gargottes tout le long du chemin qui menait à la promenade, où on vendait takoyaki, okomiyaki daifuku, soba, et j'en passe... Tous mes aliments préférés. Je ne vous raconte pas le martyre pour résister. (D'ailleurs, je n'ai pas résisté, puisque j'ai acheté mes takoyaki et ichigo daifuku sur le chemin du retour...)

Ichigo Daifuku ! Mais ils ne ressemblent pas tous à ça, généralement la fraise est cachée à l'intérieur.
Sinon, j'ai aussi eu la chance d'aller à un concert de musique arabe, donné gratuitement en guise de soutien pour le Japon, et à ce concert, j'ai pu comme si de rien n'était serrer la main à l'ambassadeur de Tunisie au Japon et à son traducteur, et leur parler tous les deux en français. Aaah, le français ! Ça faisait longtemps ! Si longtemps, d'ailleurs, que j'en arrive à ne plus savoir parler ma propre langue... Mais bon, si c'est le prix à payer pour pouvoir maîtriser l'anglais, améliorer le japonais, l'espagnol et apprendre l'allemand, je suis preneuse !

Il y a ça de bien avec la résidence où je suis qu'elle est totalement multiculturelle, et que c'est beaucoup plus facile de s'y faire des amis que dans le monde extérieur avec les japonais. J'ai passé ma soirée avec une bavaroise bilingue anglais/allemand, une franco-allemande-iranienne qui parle couramment l'allemand, le français, l'anglais, le japonais et l'espagnol, et une latino-américaine qui maîtrise l'espagnol, l'anglais, le japonais et un peu de français. C'est assez amusant d'avoir une conversation avec elles, parce qu'on passe d'une langue à l'autre sans même s'en rendre compte. Avant de partir, j'espérais revenir en parlant japonais couramment, mais je ne m'attendais pas à avoir la chance et l'occasion de parler anglais ou espagnol fréquemment. Décidément, je suis contente d'avoir atterri ici !

J'ai pu expérimenter encore beaucoup d'autre chose, comme par exemple dessiner sur une assiette et une tasse, ce matin, parce qu'avec l'université, on a visité une fabrique de poterie... C'était super intéressant, très drôle, et pour ne rien gâcher, c'était gratuit. 

On devait tremper notre pinceau dans l'encre noire, qui devient bleue une fois l'assiette à son stade terminal, ou dans l'encre rouge, qui devient marron - tout en faisant attention de ne pas poser ses doigts n'importe où pour ne pas tacher l'assiette. Vous avez déjà essayé de dessiner sur une assiette, vous ? Je vous raconte pas l'épreuve ! 

Mon assiette Gabriel et Joshua !

Les assiettes et les tasses doivent passer par un certain stade pour devenir blanche et bleues (et marron pour ceux qui ont utilisé le marron, mais je n'y ai pas touché), ce qui veut dire qu'à Noël environ, je pourrai manger sur mon assiette personnelle et boire du thé dans ma tasse personnelle à mon nom ! Si c'est pas classe ! Je vous montrerai le résultat une fois que je les aurai récupérées.

Quant aux jours à venir, quelque part, ils sont de plus en plus occupés ; essayage de kimono, kaitenzushi, invitation chez les parents d'Iwase-san, concerts à préparer, fêtes, exposés, karaokes... Je n'ai même plus le temps de geeker, je vous jure ! 

Voilà pour cet article un peu décousu. La prochaine fois, je vous raconte mon pèlerinage otaku à la Nihon Ki-in (l'institut de go) de Nagoya, sur les traces de mon idole Akira Tôya ! 
A bientôt tout le monde !

mardi 8 novembre 2011

Bref. Je suis allée à Kyôto.

Bien le bonsoir, mes braves amis ! J'ai l'honneur de vous présenter le (très long) récit de mon voyage à Kyôto. (Préparez un truc à boire avant de vous atteler à cet article, ça risque de durer.)

Avant toute chose, pour les non-connaisseurs, situons la ville. Si Tôkyô est la mégalopole déshumanisée, qui s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres, à tel point qu'en montant à la tour de Tôkyô, on ne distingue qu'une jungle de béton quel que soit le côté qu'on observe, Kyôto, en revanche, c'est la ville traditionnelle par excellence. Bien sûr, ça ne veut pas dire que lorsque vous y entrez, vous faites un bond dans le temps pour vous retrouver une centaine d'années en arrière. Kyôto, comme toutes les grandes villes, n'échappe pas au béton et aux immeubles de style HLM. La différence, c'est qu'au détour de chaque petite rue, vous pouvez découvrir un temple, et ça, c'est carrément impressionnant. 

La petite minute d'histoire : Kyôto fut jadis la capitale de l'empire japonais, et répondait au doux nom de Heian (la paix), durant l'époque qui porte le même nom (ère Heian). La capitale a finalement été transportée à Edo (ancien nom de Tôkyô), mais Heian ayant été une période d'intense développement culturel, la ville a gardé les marques de son ancien prestige, non seulement avec ses temples, mais aussi ses châteaux, son palais impérial, sa propre culture traditionnelle... 

Durant la Seconde Guerre Mondiale, il avait été envisagé de lâcher la bombe atomique sur Kyôto plutôt que sur Hiroshima. Ça ne s'est pas fait parce que quelques hommes doués d'un reste de bon sens ont jugé que la ville possédait trop de richesses et que sa destruction serait un obstacle à un réconciliation ultérieure avec le Japon.

Bref, Kyôto, c'est une mine de trésors, et bien entendu, il n'est pas assez de deux jours pour en profiter, aussi je compte bien y retourner avant longtemps ; mais ceci étant dit, laissez-moi entrer dans les détails et vous raconter mon aventure. 
 
La raison pour laquelle je suis allée à Kyôto, c'est parce que j'ai un ami, Jesús (prononcer Rrrhéssousse), qui est en vacances au Japon, et qui loge chez mes anciens professeurs de japonais, qui habitent à Nara (pas loin de Kyôto), et donc, on s'est dit que c'était une excellente occasion pour tous se retrouver quelque part ; ce qui a décidé que le quelque part serait Kyôto, c'est le marché du Tôji, donc je vous donnerai les détails plus tard. 

Me voici donc du vendredi, à me dire : "allez ! Demain, je vais à Kyôto !" et donc à me diriger vers la gare de Nagoya pour y acheter des tickets de bus, ayant entendu dire que c'était beaucoup moins cher que le shinkansen. Effectivement : là où un billet de shikansen pour Kyôto (aller simple) coûte 5500 yens, le trajet en bus ne coûte que 4000 yens. Et encore, heureuse surprise : moi qui m'attends à débourser 8000 yens pour l'aller et le retour, j'apprends que les deux trajets sont compris dans les 4000 yens. Que demande le peuple !

Ainsi donc, c'est avec les précieux tickets que je rentre chez moi pour faire mes bagages : mon bus part le lendemain à 9h10. C'était probablement la dernière limite avant qu'il n'y ait plus de place, car les autres bus étaient déjà complets. Je m'étais imaginé, dans ma naïveté provinciale, faire le voyage avec un car à moitié vide, mais évidemment que non ; il était bien sûr plein à craquer. 

Je me figurais aussi que quelque chose irait forcément de travers ; par exemple, que je ne me réveillerais pas à temps, ou que je ne trouverais pas l'arrêt de bus, ou que je me tromperais même de car et finirais à Tôkyô, bref, toute la foule d'inquiétudes qui peut vous passer par la tête quand vous faites quelque chose pour la première fois. Mais tout s'est bien passé ; j'ai trouvé mon arrêt sans problème, sans même réellement chercher, et je suis montée dans mon bus comme une grande. Et dire qu'en France, j'étais infoutue de lancer une machine à laver toute bête, maintenant j'en suis à m'acheter des billets de bus pour me rendre toute seule dans une ville étrangère, dans un pays étranger. C'est fou comme un échange universitaire ça vous rend plus débrouillard...

Le trajet en bus durait à peu près trois heures, durant lesquelles j'ai trouvé de nouvelles choses sur lesquelles m'étonner, à croire que la liste ne s'arrêtera jamais. La première, et celle qui m'a le plus marqué : en japonais, autoroute se dit "kôsoku dôro", c'est à dire "la route à grande vitesse". Eh ben, je sais pas où ils la voient, cette vitesse. Ils se déplacent tous comme des pépés, sur ces autoroutes, les japonais ! J'ai même vu plusieurs panneaux marqués "80", et je me suis dit "c'est pas possible, c'est vraiment limité à 80 km/h sur l'autoroute ?" mais Jesús m'a ensuite fait remarquer que c'était peut-être des miles, ce qui n'aurait pas été improbable. Quoi qu'il en soit, tout le monde roulait super lentement. Pas une voiture au delà de la limite autorisée... Tout le monde se rabat après avoir dépassé quelqu'un... et bien sûr, toutes les voitures mettent leur clignotant au moment de doubler ou de se rabattre. Je crois que je ne m'habituerai jamais à un tel respect des règles.

Quand je suis partie de Nagoya, un soleil timide pointait le bout de son nez. A Kyôto, j'ai dû me rendre à l'évidence : il n'avait pas voulu me suivre. J'ai eu deux jours de pluie continuelle, ce qui était bien dommage, mais en contrepartie, ça créait une superbe ambiance dans les temples que j'ai visités...

Une fois arrivée à Kyôto, j'ai envisagé d'aller au consulat pour pouvoir m'assurer de voter aux prochaines présidentielles, mais c'était uniquement sur rendez-vous et impossible de les joindre. Ça sera pour une prochaine fois... J'ai donc attendu mon rendez-vous avec Jesús en me baladant dans les environs de la gare. Il y avait une sorte de concours, et une scène où se succédaient plusieurs prestations, qui avaient l'air totalement traditionnelles, mais qui étaient apparemment coréennes... 

Le concours en question

Après avoir retrouvé mon ami, avoir mangé avec lui et papoté, et après avoir déchargé les bagages dans l'hôtel, on s'est rendus compte qu'il était déjà 16h et qu'il fallait qu'on se bouge un peu si on voulait voir quelque chose, puisque tous les temples fermaient leurs portes vers 17h. On s'est donc décidés pour Kiyomizudera, le "temple de l'eau pure". Moi, je ne l'avais jamais visité, et pour Jesús, c'est un passage obligatoire à chaque fois qu'il vient à Kyôto. Le temps d'arriver là-bas, il faisait nuit, on est donc restés aux portes du temple, sans entrer à l'intérieur, sachant qu'on aurait pas le temps de tout visiter et qu'en plus, de nuit, on ne verrait pas grand chose ; mais c'était tout de même une ambiance magnifique qui nous attendait là-bas, avec la pagode aux trois étages (san ju no tô) éclairée de vert, le ciel mauve, les illuminations de la ville (Kiyomizudera étant situé en hauteur, on a une jolie vue sur Kyôto), le sol mouillé de pluie, les corbeaux qui croassaient en haut de la pagode...


Plutôt pas moche, hein ?

La pagode du Kiyomizudera (San jû no tô)


Kyôto by night

Après avoir pris des photos, on s'est dirigés vers un autre temple proche du Kiyomizudera, le Kôdaiji, tout en passant par des petites ruelles en pente comme Ninenzaka ou Nene no michi ("le chemin de Nene", Nene étant le nom de la femme de Toyotomi Hideyoshi, un des grands noms de l'histoire du Japon, que j'ai déjà évoqué dans un post précédent...). 

Ninenzaka
 Au Kôdaiji, il y avait des illuminations spéciales pour kôyô, cette période de l'année où les feuilles des arbres rougissent. Malheureusement, kôyô est très en retard cette année, à cause de la chaleur qu'il continue à faire au Japon, et seuls quelques petites feuilles avaient déjà rougi. Ce qui n'empêche que les illuminations étaient là quand même et que c'était déjà superbe - qu'est-ce que ça doit être quand kôyô est à son apogée !

Le lac renvoyait les reflets... Dommage que ça ne se voie pas trop...
Dans le Kôdaiji, il y avait également un jardin de pierre où il y avait des jeux de lumière : on s'installe au bord du parquet du temple, pieds nus, évidemment, car on n'entre pas dans les temples avec des chaussures, et on regarde le spectacle. Les jardins de pierre sont plus méditatifs de jour, mais de nuit, c'était vraiment superbe. 

Il y avait aussi des lumières vertes, rouges, beiges...
On a ensuite observé les illuminations d'un arbre rougissant au bord d'un petit lac, on a évidemment mitraillé de photos la beauté du lieu, puis on a traversé une forêt de bambous tellement dense que leurs feuilles formaient presque un toit au dessus de nos têtes. C'était magnifique. 

Presque Kôyô...
Les bambous


















En sortant du Kôdaiji, on est passés par un parc dont j'ai  oublié le nom, et une petite rue éclairée par des lanternes  typiquement japonaises, où il n'y avait pas un chat, probablement à cause de la pluie qui tombait. Elle ne m'arrangeait pas, cette pluie, mais il faut l'avouer à son avantage, c'était vraiment une belle ambiance qu'elle nous créait là. 

J'attendais le nekobus !
En rentrant vers la gare, on a décidé qu'après avoir visité traditionnel, il était temps de manger traditionnel ; on s'est donc aventurés vers un restaurant d'okonomiyaki proche de la gare. Okonomiyaki, mon plat préféré : une sorte d'omelette de chou et d'autres ingrédients, que vous assaisonnez à votre bon plaisir, okonomiyaki voulant à peu près dire "vous mettez ce qui vous aimez". On distingue plusieurs types d'okonomiyaki, dont les deux plus célèbres sont celles d'Osaka et celles d'Hiroshima... 

La mienne, c'était une okonomiyaki aux crevettes, ma préférée.
Mais n'entrons pas dans les détails. En rentrant à l'hôtel, en bonne geek, je demande au monsieur qui tient le comptoir si on peut utiliser l'ordinateur dans le coin pendant dix minutes ; il s'extasie sur mon maigre japonais, me demande d'où on vient, et quand on répond "de France", alors là, il en bave d'admiration, et nous retient pendant un quart d'heure pour nous expliquer que son père a déjà bossé en Suisse et qu'il voulait aller en France en même temps mais qu'il n'avait pas pu et que c'était bien dommage, etc. Y'a pas à dire, mais la France, ça a vraiment une bonne image, dans le coin.


Sur la porte de l'hôtel, avec Jesús, on constate qu'il y a écrit "ryokan". Pour nous, "ryokan" (hôtel traditionnel), ce sont les pièces avec tatami, les futons qu'on sort du placard le soir, et un onsen pas loin. Manque de bol : notre chambre est en style occidental, avec des lits normaux, bref, rien qui la distingue d'un hôtel de base, à part les yukata qui sont sagement pliés sur la table de chevet. Toutefois, on ose espérer que l'hôtel dispose tout de même d'un onsen... Et on a raison ! C'est donc avec délice que je peux une fois de plus goûter au plaisir du bain brûlant (trois jours seulement depuis mon dernier...). Et c'est d'autant mieux que lorsque j'arrive, les dernières occupantes s'en vont, et j'ai l'onsen pour moi toute seule. 


Bref, comme il n'y a rien de mieux pour vous aider à passer une bonne nuit, je me réveille le lendemain matin parfaitement prête à passer ma journée à crapahuter. Au programme de ce dimanche matin : rencontre avec une amie japonaise de Jesús, puis le temple Tôji, puis... on verra. 

Au temple Tôji
On s'en va donc à la rencontre de Naoko-san à la gare de Kyôto, et de là, on marche jusqu'au Tôji, où, comme tous les premiers dimanches du mois (et aussi tous les 21 du mois), a lieu un célèbre marché aux puces. Le marché du 21 est plus fourni que celui du premier dimanche du mois, et la pluie menaçant de tomber a convaincu certains vendeurs de rester chez eux ; mais c'est tout de même un marché très intéressant que je redécouvre là (l'ayant déjà fait trois ans auparavant). Beaucoup de babioles traditionnelles japonaises, un milliard de kimonos, quelques violons et instruments de musique, un shôgiban (plateau de shôgi), sur lequel je me suis précipitée en croyant que c'était un goban (plateau de go) comme celui que je me vois acheter dans mes rêves les plus fous...

Ce genre-là, m'voyez... Le shôgiban avait exactement la même forme. Mais bon, c'était un shôgiban.
On croise ensuite Pierre-sensei, l'un de nos amis professeurs qu'on devait rencontrer à Kyôto ; pendant qu'il continue de visiter le marché, avec Jesús et Naoko-san, on décide d'aller au Kiyomizudera, pour prendre des photos de jour cette fois, et pour entrer dans le temple pour de bon, puisqu'on était restés à la périphérie, la veille. Il y a beaucoup de choses à voir au Kiyomizudera : on peut observer une messe bouddhiste, avec l'odeur d'encens qui se répand autour de vous, il y a le paysage sublime environnant, puisque le temple est accolé au flanc de montagne, il y a cet endroit où vous passez sous des torii de pierre, et où, si vous vous rendez les yeux fermés et sans dévier d'une pierre à sa soeur jumelle cinq mètres plus loin, l'amour vous attend au tournant (selon la légende). 


J'ai trouvé ça marrant, j'ai tenté, j'ai réussi !
Puis, comme Kiyomizudera signifie "temple de l'eau pure", il aurait été dommage qu'on passe par là sans boire l'eau qui coulait de la cascade. J'avais l'estomac qui grondait, mais bien sûr, il est interdit de manger dans un temple (en dehors des petits restaurants qui y sont proposés...).

Vous prenez une louche à rallonge et vous prenez de l'eau avec, et vous buvez dans le creux de votre main !

Après le Kiyomizudera de jour, nous sommes retournés au Tôji, où nous attendait une troupe nombreuse : nos deux sensei, leurs enfants, la soeur de Kaeko-sensei et sa fille. C'est donc avec tout ce petit monde qu'on est partis déguster notre repas du midi dans un restaurant voisin, où on m'a servi le meilleur karaage que j'ai jamais mangé... La friture croustillante, la viande fondante... J'en bave encore. Avec à côté du riz, de la soupe, des vermicelles de farine, des légumes au vinaigre, des minuscules poissons, et le tout pour la modique somme de 800 yens. C'est fou comme on peut bien manger pour pas cher, au Japon...

Mon karaage ! *_*

Après manger, on voulait aller visiter Gôshô, le palais impérial, qui faisait une exposition spéciale qui se terminait le dimanche même ; mais ayant trop tardé pendant le repas, on s'est rendus compte qu'on arriverait trop tard à Gôshô. On a donc décidé d'aller visiter le Kinkakuji à la place ; vous savez, ce temple doré si célèbre. 

Sublime non ?
Je l'avais déjà visité une fois, trois ans plus tôt, mais j'avais oublié à quel point il était magnifique, et c'est avec une joie toute enfantine que je l'ai mitraillé de photos. Le temple a été recouvert avec des feuilles d'or, brûlé par un moine en 1950, et reconstruit à l'identique. Il est entouré par des arbres de telle façon qu'on ne le distingue absolument pas depuis l'extérieur. Une fois de plus, mon regret a été que ce ne soit pas encore tout à fait kôyô : le spectacle avec les feuilles toutes rouges doit être absolument magnifique. Je me suis donc promis de ne rien manger pendant un mois et d'y retourner quand kôyô sera à son apogée...


Dans le jardin du temple, il y avait ce petit endroit où vous jetez une pièce, et si elle tombe dans le bol, vous voyez votre voeu réalisé. J'ai bien essayé, tout comme j'avais essayé trois ans plus tôt, mais impossible d'atteindre le bol. Et pourtant, la fille derrière nous a réussi, et deux fois de suite, encore !

Pas évident de bien viser... (Mais les gars du temple doivent se faire des sous)

En sortant du Kinkakuji, la nuit commençait à tomber, et on savait qu'on n'aurait pas le temps de visiter un autre temple : d'autant qu'on a pris le bus qui faisait le plus grand détour pour rentrer à la gare (Kyôto n'étant pourvue que de deux lignes de métro, il faut principalement se déplacer en bus pour visiter tout ce qui vaut la peine d'être visité) et ça a pris une heure...


Un petit Starbucks plus tard, et il était déjà l'heure de rentrer. J'avais l'impression d'être arrivée le matin même tellement tout est passé vite. J'aurais aimé voir plus de choses encore, mais ne t'en fais pas, Kyôto : tu me reverras sous peu, je te le garantis ! 


Voilà, mes amis. C'était un post très long, je salue ceux d'entre vous qui sont restés jusqu'au bout. 


Je vous embrasse jusqu'au prochain article, où je vous raconterai peut-être ma visite touristique de Nagoya (enfin!) et mon premier tremblement de terre !
Sana.

lundi 7 novembre 2011

Utsumi et les mandarines

Salut tout le monde ! J'espère que vous allez bien. J'ai de nouveau intitulé mon article Utsumi et les mandarines, et cette fois, j'ai bien l'intention de m'y tenir, et de vous raconter cette journée à Utsumi, au lieu de partir en digressions sur les bons plans au Japon.

Mais laissez-moi vous mettre en contexte. La veille de ce jour à Utsumi, je reçois un mail de la maman de ma famille d'accueil, qui me dit "désolée de te prévenir si tard, est-ce que tu es libre demain pour une récolte de mandarine et de l'athlétisme en plein air ?" et moi, toujours prête à sauter sur de nouvelles occasion de découvrir le Japon : "bien sûr !".

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le lendemain, à 10h, je m'engouffre dans la voiture automatique de la famille Iwase, et hop, direction Utsumi, c'est à dire au sud de Nagoya, à une heure de voiture de là, sur un des deux bras de mer qui forment l'extrémité d'Aichi, la préfecture où j'habite. Je me suis déjà baladée en voiture, mais jusque là, c'était toujours en ville, et là, c'est amusant de voir défiler les villages aux maisons japonaises, aux toits japonais, aux champs japonais, dans la campagne japonaise... Pas de doute : vous êtes en pays étranger ! Et dire que pour ma famille d'accueil, tout ça c'est du vu et revu... Ça doit être comme pour moi, qui ne sais même pas dire ce qui est traditionnel ou pas en France.

Au bout d'une heure, on arrive à Utsumi, où on entraperçoit la mer, avant de remonter vers les terres pour aller à l'endroit où se trouve la récolte de mandarines. Moyennant finances, on peut avoir accès aux mandariniers, et cueillir autant de fruits qu'on le désire ; et en repartant, on aura droit à un sac de mandarines. 

Ça vous fait pas penser aux jardins dans "Zeus, le maître de l'Olympe" ?
Bien sûr, qui dit campagne, dit insectes, et je ne ressors pas de là sans m'être fait copieusement piquer par des moustiques. Et comme ce sont des moustiques japonais, comme à chaque fois, je fais une réaction allergique, ce qui fait que j'ai maintenant des bosses un peu partout sur les jambes (ça m'apprendra à y aller en short!). Il n'y a pas que des moustiques, bien sûr, il y aussi un nombre important d'araignées, qui sont autrement plus grosses et plus colorées que celles de France, qui se contentent d'être petites et toutes noires (promis, au retour, je n'en aurai plus peur...), et d'autres espèces dont j'ignore jusqu'au nom, mais qui ne m'inspirent pas grande confiance. Moi et les insectes, ça n'a jamais été une grande histoire d'amour. 

On déplie des nappes sur le sol, et on s'installe pour un pique-nique, composé d'onigiri (des boules de riz) faits maison, de petites saucisses, d'omelette roulée, de nigirizushi (du riz enveloppé d'une sorte de friture) et autres petits régals bien japonais. En guise de dessert, bien sûr... des mandarines. Elles sont rudement bonnes, en plus. Bon, en arrivant, j'ai eu la mauvaise surprise de découvrir qu'elles n'allaient pas du tout avec le goût du dentifrice, mais une fois le pique-nique passé, ça allait mieux. 

Puis est venu le temps de l'athlétisme, ce mot qui me faisait si grand peur dans le mail d'Iwase-san ! Mais en fait, en guise "d'athlétisme" (je m'imaginais déjà des courses à pied, et des trucs pas fun), c'est plutôt un parc où on nous propose des petits obstacles, les uns à la suite des autres : ça passe par la grimpette à la corde, traverser le lac sur des petites planches mouvantes posées sur l'eau, courir sur des panneaux de bois obliques, passer d'anneaux en anneaux suspendus, s'engouffrer dans des tunnels... Bref, un petit Fort Boyard, sans le fort, et sans les boyards. Si vous réussissez à franchir l'obstacle, c'est 2 points : sinon, zéro. Selon vos points, vous êtes échelonné en plusieurs catégories, et Yuuichiro (mon petit frère d'accueil) et moi, on se situait dans la deuxième plus haute catégorie, à savoir qu'on était des orangs-outans. Faut dire qu'on se précipitait sur chaque obstacle avec une joie toute enfantine, donc forcément à la fin, le nombre de points montait de façon conséquente. 

Après le parcours a succédé un jeu de minigolf, qui était très drôle ! Ca faisait depuis mes neuf ans que je n'avais plus fait de minigolf, j'étais toute heureuse d'y rejouer. Ensuite, c'était au tour de la piscine à balles multicolores, comme il y avait à Kiabi quand j'étais petite. J'étais la seule adulte à me jeter dedans avec un bonheur indicible, mais comme de toute façon les japonais passent déjà leur temps à me fixer quand je ne fais rien de particulier, autant qu'ils aient une bonne raison de m'observer à la dérobée. Après la piscine à balles, c'était le donjon, où il fallait trouver son chemin dans une structure en bois où c'était impossible de tenir debout. Je me suis cognée plusieurs fois la tête, mais c'était drôle. Yuuichiro faisait le leader et Shiori, ma petite sœur d'accueil, m'encourageait et me recommandait de faire attention aux rebords.

En sortant du parc, on a repris la voiture et on s'est dirigés vers la ville d'Utsumi, où un onsen en bord de mer nous attendait. Je rappelle le principe de l'onsen pour ceux qui l'ont oublié : de grands bassins d'eau dont la température varie entre "très chaude" et "brûlante". Vous vous lavez à l'extérieur des bassins, et quand vous êtes bien propre, vous pouvez vous glisser dans l'eau pour vous débarrasser de la fatigue du jour. Bon, si l'eau est plus proche de "brûlante" que de "très chaude", c'est généralement impossible d'y rester plus de dix minutes - sans compter celles que vous mettez à entrer dans le bain, parce que c'est bien joli tout ça, mais se précipiter d'un seul élan dans l'eau comme le faisait Shiori, c'est proprement impossible (enfin, pour moi, en tout cas).

Avant d'entrer dans l'onsen, on s'est un peu baladés tous ensemble sur la plage, qui, comme toutes les plages au soleil couchant, avec ses montagnes environnantes, était superbe. Il y avait des drôles de petits bâtons de bois dans l'eau, et Iwase-san m'a expliqué que c'était de cette façon qu'ils ramassaient le nori, cette algue utilisée pour tout et pour rien au Japon. Quelques photos et quelques chaussures mouillées plus tard, on est entrés dans l'onsen. 

Shiori et Yuu, et les bâtons à nori au loin

 En vérité, les bains s'appellent "onsen" quand ils sont entre quatre murs et un toit, mais on les appelle "rotenburo" quand ils sont à l'air libre. Ici, il y avait l'onsen normal d'un côté, et  de l'autre, une sorte de rotenburo sans en être tout à fait un, puisque du côté de la mer, il n'y avait qu'une simple barrière destinée à protéger les clientes des regards extérieurs au lieu d'un mur. Ainsi, on pouvait se baigner en sentant l'odeur d'iode de la mer, et si on se redressait un peu, on pouvait contempler les nuages rouges flamboyants et le soleil couchant qui disparaissait à l'horizon. Je peux vous dire que quand vous regardez ça alors que vous vous baignez dans un bain brûlant, ça fait un effet bœuf. 

Bien sûr, comme l'après-midi sportif et le bain brûlant avaient creusé les estomacs, en sortant de l'onsen (au troisième étage du bâtiment), on est descendus au deuxième, où il y avait un restaurant. Encore une fois, j'ai pu manger alors que mes pieds nus caressaient la moquette soyeuse, et c'est franchement une sensation super agréable ! Quant au repas, comme dans tous les restaurants japonais où je suis allée jusque là, il était excellent : des tempura udon pour ma part, c'est à dire un bouillon de nouilles avec des légumes et des crevettes entourés de friture. Mais comme Iwase-san tient toujours absolument à ce que je découvre les choses traditionnelles, je me retrouvais souvent avec un extrait de l'assiette des voisins dans la mienne. 


On est ensuite redescendus au premier pour retrouver nos chaussures, puis on est remontés dans la voiture, où les enfants se sont endormis presque instantanément ; et comme ma résidence n'était pas du tout sur le chemin du retour, Iwase-san et moi nous sommes arrêtées à une gare proche pour y prendre le train jusque Kanayama : un chemin que connaissait bien Iwase-san puisqu'elle le prenait tout le temps au temps du collège et du lycée, apparemment. Et je suis rentrée chez moi non seulement avec un sac entier de mandarines, mais aussi avec des jolis mouchoirs aux motifs japonais dont Iwase-san m'a fait cadeau. C'est difficile de se faire accepter par des japonais, par ici, mais je peux vous dire qu'une fois que vous l'êtes, c'est incroyable comme ils se montrent adorables !


Shiori-chan

Et voilà. Je suis rentrée chez moi avec un grand sourire aux lèvres, le coeur en fête, et une migraine épouvantable (je ne sais pas pourquoi, mais les onsen ont toujours cet effet-là sur moi). Avis au futur étudiant qui sera accepté pour l'échange à Aichi (si jamais tu me lis): si on te propose un choix entre une nuit en famille d'accueil ou une nuit en chambre d'étudiant provisoire en attendant la résidence, CHOISIS LA FAMILLE D'ACCUEIL ! En dehors du fait que ce soit moins cher, qu'ils soient adorables et prêts à tout pour te faire plaisir, c'est en plus un excellent entraînement, car bien sûr, j'ai passé la journée à parler en japonais avec eux. Encore une fois, je m'extasie devant la chance que j'ai eue de les rencontrer...

C'est tout pour ma journée à Utsumi ! Le prochain article sera sur mon voyage à Kyôto, et vous verrez des belles photos, je vous le promets !

Des bisous !
Sana.